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« Adhemarie Show » Marie Hendriks au château des Adhémar, Montélimar, du 11 février au 15 avril 2012

Ouvrant la saison du Centre d’art contemporain des Adhémar, l’exposition Adhemarie Show dévoile le microcosme baroquisé de Marie Hendriks, ses environnements hybrides et ses images fantasmagoriques ; légendes universelles ou singulières y sont rejouées dans des installations énigmatiques mêlant photographie, sculpture, dessin et vidéo.


© Marie Hendriks, "Meisjes met rooie haren", 2012
© Marie Hendriks, "Meisjes met rooie haren", 2012
Soudain un récit inédit naît et révèle des personnages récurrents dans un univers joyeusement anachronique.
« Je développe un fort goût pour tous les courants qui ont eu recours à l’artifice comme le maniérisme, le baroque, le rococo au sein duquel mon travail puise formellement un univers sensoriel enveloppant et généreux. Au moment de l’exposition, j’investis complètement l’espace : il est camouflé sous les couches de moquettes, draperies et ornements qui s’accumulent dans une surenchère. Les frontières entre la mise en scène inhérente des oeuvres et celles de leurs espaces d’exposition sont floutées. Ce qui engendre un magma joyeux ou les pièces dialoguent entre elles et le spectateur devient figurant dans un environnement délirant ». (M. Hendriks)

Adhemarie Show est une exposition établie dans un mélange des genres : Marie Hendriks y orchestre une subtile cohabitation entre des productions in situ liées à l’histoire chevaleresque du château, des pièces en céramique contemporaine créées durant sa résidence estivale aux Pays-Bas ainsi que des images issues de l’univers décalé d’un « western spaghetti ».
Mêlant réel et artificiel, à partir de références liées au folklore et à l’imagerie populaires, de souvenirs d’enfance et de paysages exotiques intrigants, l’artiste d’origine néerlandaise fait naître un monde troublant qu’elle dévoile au sein d’aires d’exposition totalement métamorphosées en univers domestiques.

Objets ornementés et désuets y forment un décor théâtral haut en formes et en couleurs.
L’ exposition happe le spectateur dans une ambiance surannée qui joue avec l’ambiguïté d’une représentation du réel dont Marie Hendriks redistribue cartes et codes de lecture.
Ainsi, au rez-de-chaussée, l’apparence est festive : un gâteau d’anniversaire surdimensionné, marqué d’une gamme chromatique édulcorée, prend corps dans l’espace du logis. Reflet des fastes de réception dans les châteaux, il renferme les secrets d’une histoire familiale que les dessins viennent, sous un angle narratif, élucider. Le gâteau célèbre ici une rencontre amoureuse : celle de Johanna et de son bien-aimé Wim, danseur sur glace. Des objets témoins de cette histoire sont contenus au sein de la sculpture comme des reliques précieuses. L’association de médiums compose un univers hybride où les rapports d’échelles et l’ambiance décalée sont en connivence avec Lewis Carroll et la littérature fantastique du 19e siècle.

Quant au « western spaghetti baroque », il prend toute sa dimension chevaleresque au premier étage du logis avec un ensemble majeur de pièces de l’installation POMODORI vs STARS. Images animées et film dévoilent un folklore d’adultes imité par des fillettes avec deux équipes de trois petites amazones qui se préparent en cérémonie parallèle dans des paysages flamboyants. Armées, en robes raffinées de soie, épées argentées en main, leurs étoiles au coeur, et des ballons à l’effigie de leur parure flottants au dessus de leurs têtes, elles se retrouvent en face à face dans un champ d’honneur. Les regards se croisent, la tension monte, le temps se fige puis se brise brutalement.
Touchée en plein coeur de son étoile, la concurrente perdante voit deux petits drapeaux en forme d’ailes surgir dans son dos. On découvre le mot BANG brodée sur chacune des ailes. Au même instant, la vaincue lâche son ballon d’hélium démesuré qui s’envole « comme âme au paradis ».
Aux Adhémar, l’atmosphère tourne au chevaleresque : les costumes se nichent dans les alcôves des fenêtres et celles des murs ; des créations sculpturales jouent avec la lumière de l’espace. Dessins et photographies, tels des arrêts sur image, valorisent postures et théâtralisation des personnages.
Avec cette vidéo, Marie Hendriks nous plonge dans l’univers plastique et symbolique de la « Sartiglia » - cérémonie qui, depuis le 14e siècle, se déroule tous les ans à l’époque du Carnaval à Oristano en Sardaigne – et dévoilée, ici, dans la version pour enfants intitulée « sartiglietta ». Ainsi, à l’image d’adultes, les fillettes entrent dans une joute équestre traditionnelle finement orchestrée et filmée au sein de laquelle les costumes, le jeu des actrices, les cadrages et la bande son pensés dans leur totalité par l’artiste transportent le spectateur dans une fiction colorée.

Dans la loggia, la sculpture Diane&A - un crâne de cerf et une trompe sis sur une table coquette – est adjointe d’images renvoyant à l’animalité et la forêt (Zico de Beer et Met Suusje in de Staatsbossen). L’ambiance ambivalente, la beauté des sujets, la menace, un environnement angoissant sont autant de liens vers l’imaginaire et le fantasme de la vie de château.

Et si les rêves flamands rapetissaient... ? prend tout son éclat dans les proportions théâtrales de la chapelle : l’installation est composée d’une vidéo et de chaises chippendales stylisées et orientées vers un lit rappelant le fameux baldaquin de Gian Lorenzo Bernini, chef d’oeuvre du baroque latin. Un drumband (bande de tambours de dérivation militaire) contribue à la création de l’environnement sonore et renvoie à l’aspect défensif du château.
Liée à une histoire familiale où une jeune femme, le temps d’une nuit, se glisse sous le lit parental et en ressort rajeunie, l’installation vidéo se présente tel un conte qui permet de « remonter le temps, de rapetisser, de se transformer, de se fondre dans un décor, d’apparaître et de disparaître ». Transportée dans un espace infini, la jeune femme pérégrine au pas, dans un palais de glaces, meublé de plans miniaturisés en relief. Fantôme du passé, la jeune femme finit par reprendre sa place devant le lit.
La magie de la lumière amène le spectateur à naviguer entre espace réel et illusion ; elle ouvre vers des mondes parallèles formés d’objets ordinaires dont formes et statuts sont singularisés à outrance. Avec l’exposition Adhemarie Show, les murs du château confinent une multitude d’histoires qui s’assemblent en polyphonie, entre réalité et univers fantastique.

En partenariat avec Analix Forever (Genève), l’Espace Croisé - centre d’art contemporain (Roubaix), Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains (Tourcoing), Les jardins de Drulon (Loye-sur-Arnon), Musée de Bourgoin-Jallieu, Sundaymorning@ ekwc - European Ceramic Workcentre (Den Bosch), Whatever Visual (Kortrijk).

Informations pratiques

Exposition du 12 février au 15 avril 2012
Vernissage le samedi 11 février à 17 heures
En février et en mars, tous les jours de 14h à 18h sauf le mardi
En avril, tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h

Centre d’art contemporain
Château des Adhémar
26200 Montélimar - France
Tel +33 (0)4 75 00 62 30 / chateau-adhemar@ladrome.fr

Réservation groupes : 04 75 91 83 64 / resa-visite-chateaux@ladrome.fr
Tarif individuel : 3,50 €
Groupes (+ de 20) : 2,70 € par personne
Scolaires : 30 € forfait par classe

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 14 Février 2012 à 13:36 | Lu 790 fois

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