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7 mai au 19 septembre 2010, “Chine, célébration de la terre” à l’Espace Fondation EDF, Paris

Alors que s’ouvre à Shanghai l’Exposition Universelle consacrée à la “Ville harmonieuse” - symbolisant notamment l’harmonie entre l’homme et la nature, le passé et le futur -, la Fondation EDF Diversiterre, en collaboration avec le musée Guimet, propose en écho à l’Espace Fondation EDF “Chine, célébration de la terre”. Cette exposition donne des clefs pour mieux comprendre la culture chinoise et ses attaches profondes à la terre ; terre source de vie, d’inspiration, d’innovation, terre sacrée, terre matrice de la civilisation. La Chine a souvent été désignée comme la “Civilisation du végétal” par le lien privilégié que ses habitants entretiennent avec la nature.


La Fondation EDF a confié à Jean-Paul Desroches, conservateur général au Musée des Arts asiatiques Guimet, le soin de choisir dans la collection François Dautresme, une sélection d’oeuvres et d’inventions techniques qui nous restituent tout un monde rural. Ces ouvrages sont présentés aux côtés d’objets archéologiques provenant des collections du musée Guimet, du musée d’Art et d’histoire de la Ville de Saint-Denis et du musée Pincé d’Angers. Cet ensemble très cohérent témoigne d’une ingéniosité et d’une inventivité uniques.
Grand voyageur aujourd’hui disparu, François Dautresme se passionne pour la Chine dès son premier voyage en 1963. Dans cette Chine en pleine révolution culturelle, il pressent que tout un patrimoine et une tradition artisanale risquent de disparaître.
Pour les sauver, il s’entête pendant 35 ans à sillonner les provinces, à répertorier les objets qu’il considère comme les témoins d’une culture populaire et savante à la fois. Visionnaire et précurseur, rêveur et passeur, il recueille pour lui-même une collection très originale d’objets populaires, et il crée en 1967 la Compagnie française de l’Orient et de la Chine pour faire connaître ces productions venues
d’un passé très lointain, mais exceptionnellement modernes.
Jusqu’à la fin de sa vie, il utilise ses connaissances et sa passion pour nous initier à cet artisanat où l’homme utilise la nature comme source de création.
François Dautresme a rassemblé une collection unique de 10 000 objets de la Chine rurale du XXe siècle.

Chine, célébration de la Terre

Sous-vêtement en bambou tissé © Thierry Ollivier
Sous-vêtement en bambou tissé © Thierry Ollivier
Écriture, papier, imprimerie, sont des inventions connues car, depuis toujours, la Chine a cherché à valoriser les savoirs, notamment ceux issus de la terre, considérée comme sacrée et donc objet de culte.
Au travers de quatre thèmes transversaux - labourer, façonner, vêtir, soigner - l’exposition s’attache à démontrer que ces thèmes, déclinés depuis la nuit des temps en pratiques savantes, forment ou constituent le socle de bien des comportements des Chinois d’aujourd’hui.

Terre nourricière
C’est en Chine que, depuis la création et les transformations de l’Empire, près du quart de l’humanité a consacré sa vie à la travailler, l’ensemencer et la faire fructifier. C’est donc tout naturellement dans cette partie du monde que plusieurs inventions capitales ont vu le jour : la charrue à soc de fer, le semoir, la brouette, la noria et d’autres encore…
Certains traités agricoles rares donnant une description précise et étendue des outils agricoles seront évoqués ici. En consultant ces ouvrages anciens, on s’apercevra que les outils les plus importants comme la charrue, le semoir, les rouleaux, les herses, sont pratiquement identiques à ceux qui ont été utilisés en Chine jusqu’au milieu du XXe siècle. Certains sont même encore utilisés aujourd’hui.

Terre à bâtir, terre à façonner
Le bâtisseur chinois - comme le potier - a, en pétrissant la terre qui l’avait lui-même pétri, élaboré au fil du temps une oeuvre immense et anonyme, à la façon de nos bâtisseurs de cathédrales. Dès le Néolithique, la terre est utilisée pour réaliser différents aménagements architecturaux. Partout présente dans la construction, des fondations au dallage des sols, de l’élévation des murs à la couverture des toits, la terre n’est plus seulement labourée par les paysans, mais malaxée, moulée, séchée ou cuite par les bâtisseurs. Quant aux céramistes, grâce à leurs connaissances de la chimie des terres et à leur maîtrise des fours, ils seront en mesure de créer des matériaux résistants comme les grès ou raffinés comme les
porcelaines, qu’ils sauront parer de glaçures ou d’émaux polychromes.

Terre à vêtir
La tradition taoïste recommande d’agir en accord avec la nature. Se vêtir pour se protéger du froid n’est pas la combattre, mais au contraire un moyen pour l’homme de suivre son instinct de survie et son inclination pour une certaine forme de bien-être. S’habiller revient à se conformer aux volontés de la terre, une notion présente dans la pensée chinoise depuis les temps les plus anciens.
De fait, le tissage est connu en Chine depuis la Préhistoire. De tout temps, le vêtement et ses accessoires ont exprimé le rang de celui qui les porte. De très nombreuses plantes servent à confectionner les vêtements : le bambou (vestes, chapeaux, sous-vêtements, chaussures….), le chanvre (sacs), la ramie (ortie sauvage de Chine pour des robes et des chemises), paille de riz ou fibre de palme (vêtements de pluie), le coton et, bien sûr, la soie.
La collection Dautresme rassemble de nombreuses pièces illustrant la tenue traditionnelle du paysan chinois aux champs et son lien avec la terre. Toutefois la plupart de ces vêtements ont aujourd’hui disparu.

Terre à soigner, terre à guérir
La terre produit les simples et les drogues qui, hier comme aujourd’hui encore, sont les bases de la médecine. L’exposition présente les deux modes de traitements thérapeutiques les plus importants : l’acupuncture et la pharmacopée chinoise, car ils ont chacun à leur manière un rapport avec la terre. Plusieurs textes de l’Antiquité montrent le rôle protecteur, nourricier et propitiatoire de la terre, d’un point de vue médical.
Plantes médicinales, mannequin d’acupuncture, meuble à pharmacie, instruments démontrent l’extraordinaire richesse de l’approche chinoise qui vient de l’exploitation raisonnée de toutes les ressources offertes par la terre. La médecine chinoise, tout en élaborant une construction du corps un peu décalée par rapport à une réalité tangible, a toujours été pragmatique et “terre à terre”. Elle a reconnu aussi l’ambiguïté de cette terre, à la fois nourricière et dangereuse.

Planche d’encyclopédie, détail
Planche d’encyclopédie, détail

Pratique

Espace Fondation EDF
6, rue Récamier - 75007 Paris
tél. 01 53 63 23 45
Entrée libre du mardi au dimanche de 12h à 19h
(sauf jours fériés)
Visites guidées pour les groupes sur réservation
Métro : Sèvres-Babylone (lignes 10 et 12)
fondation.edf.com

COMMISSARIAT
Jean-Paul Desroches, Conservateur général du patrimoine -
Musée des Arts asiatiques Guimet
scÉnographie
Pascal Payeur
Catalogue
“Chine, célébration de la terre”
ouvrage collectif sous la direction de J.-P. Desroches
Un livre broché, 140 illustrations en couleurs et N&B
Editions Philippe Picquier
224 pages, 27 euros

pierre aimar
Mis en ligne le Mardi 23 Mars 2010 à 00:45 | Lu 1365 fois

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