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25 octobre au 31 janvier, Miró & Tériade, l’aventure d’Ubu au Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis

Joan Miró (1893 - 1983) figure incontournable du surréalisme et de l’art moderne, appréciait
particulièrement le poète et romancier Alfred Jarry (1873 – 1907), pour son génie verbal, son humour
subversif et ses personnages burlesques. En 1888, Jarry invente le personnage d’Ubu. Pour Miró, cette
figure monstrueuse est un triste écho de la réalité du régime franquiste espagnol. Illustrer Ubu sera pour
Miró un véritable moyen de prendre position sur un mode satirique et ironique, pour dénoncer la
naissance et la folie d’un monstre incontrôlable.


Ubu Roi - Paris Tériade Editeur. 1966, lithographie originale, donation A. Tériade © Successió Miró, Adagp - Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis
Ubu Roi - Paris Tériade Editeur. 1966, lithographie originale, donation A. Tériade © Successió Miró, Adagp - Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis
L’exposition présente une centaine de pièces consacrées à Ubu – réalisées par Miro et pour certaines
éditées par son ami Tériade. Elle croise les livres illustrés, la gravure, la calligraphie, la sculpture, le
théâtre et son décor et costumes peints par Miró, le jeu d’acteurs, des photographies et des films sur
Miró et Ubu. C’est également l’occasion pour le musée départemental Matisse de mettre en valeur un
nouveau pan de la donation Alice Tériade : les livres de peintres (entrés en 2002) & la céramique Ubu
(entrée en 2007).

Les éditions

1- Ubu Roi (1966)
C’est en février 1948, de retour en France après un long séjour à New York, que Miró et l’éditeur d’art Tériade reprennent le projet d’une édition illustrée d’Ubu roi , « un des chefs-d’oeuvre comiques de la scène française » assure Apollinaire. Si le projet de contrat débute dès mars 1948, le livre ne sortira que presque 20 ans plus tard.
Illustrateur et ami des poètes de son temps, poète lui-même, ne séparant pas poésie de peinture, Miró, en 1966, compose treize lithographies en double pages, aux couleurs sonores pour accompagner le fameux texte d’Ubu roi .

2- Ubu aux Baléares (1971)
Six ans plus tard, Miro invente sa suite personnelle d’Ubu Roi : Chassé de Pologne, le tyran burlesque arrive à l’île de Majorque, sur le territoire du peintre, et c’est Ubu aux Baléares, en 1971. Vingt-cinq lithographies développent, sur un très grand format, leurs fantaisies truculentes.
Les pages sont calligraphiées avec des mots démesurément grossis comme le leitmotiv d’Ubu, « MERDRE », « PANTHERE », « VAGUES BLEUES », et sont ponctuées de chiffres, de signes et de taches. Les pages en couleur sont des dessins très simplifiés au crayon de couleur.
« Nul remplissage : un trait de couleur livré à lui-même improvise toute une ménagerie de petites créatures. Ces curieux personnages sont bien sûr de la même famille qu’Ubu Roi. Mais ce sont des cousins populaires, plus drôles et plus dépouillés que leurs prédécesseurs » (Michel Anthonioz, Hommage à Tériade). Miró indiquera plus tard avoir dessiné Ubu aux Baléares « contre tous les Ubus qui se vautrent sur les plages au mois d’août… »

3- L’enfance d’Ubu (1975)
Publié en 1975, L’enfance d’Ubu est le dernier des 27 livres édités par Tériade. Miró a 82 ans et Tériade 78 quand ils entreprennent ce livre constitué d’une série de maquettes et dessins prévues pour Ubu Roi. Miró propose à Tériade de faire un « hommage au Père Ubu ».
Il se compose d’une première série de quinze planches combinant un « texte » fait de lettres erratiques, des signes et des formes de papier kraft découpées disposées en forme de « constellations » et une seconde série, les « images » à proprement parler, 20 lithographies en couleur signées par l’artiste, dont certaines comportent aussi des éléments de collages.
Miró utilise de nombreuses techniques : encres, crayon pastel, morceaux de tissu ou de papier collé que Tériade n’a pas hésité à reproduire en lithographie.

Les sculptures

L’exposition présente les quatre sculptures sur le thème d’Ubu créés par Miró.
Miró crée la céramique Ubu spécialement pour Tériade, pour le jardin de sa Villa Natacha, à Saint-Jean-Cap-Ferrat en 1971-1972. C’est « un grand buste à la gloire d’Ubu », comme l’écrit Miró à Tériade, est un témoignage majeur de leur amitié. Le buste d’Ubu, ce « rhinocéros de poche, l’oeil aux aguets » comme le décrit José Pierre, se situe dans le prolongement des sculptures en céramique de forme biomorphique, dont une partie, ouverte, laisse voir l’intérieur de la forme creuse. Les protubérances - telles les cornes, les boules en plein et en creux – et les incisions dans la matière la plupart du temps réalisées avec un outil de fortune, un clou notamment, désigne des yeux. La première étape est terminée mi septembre 1972. Miró en est très satisfait, « elle est magnifique, très grandiose », confie-t-il à Tériade. Reste alors l’émaillage qu’il envisage « avec des matières très nobles. » Il envoie des photographies à Tériade pour qu’il s’en fasse une idée en pensant à son jardin. L’oeuvre est totalement terminée au début du mois de décembre de la même année. Elle est « vraiment très belle et d’une grande noblesse de
matière » écrit Miró. L’artiste la considère comme une oeuvre « capitale. »

Le théâtre

Miró a aussi été un homme de théâtre. Ubu a été une source d’inspiration pour la pièce Mori el Merma, (1978), pour laquelle Miró a peint les costumes et les décors et contribué à l’écriture du scénario. Le spectacle est basé sur des marionnettes géantes. Miro peint des figures grotesques, burlesques et inquiétantes basées sur Ubu et d’autres habitants de son univers.
Miro dirige la construction des costumes pour au final créer sa propre variation du tyran sombre, sinistre et bouffon.
L’exposition est organisée au Musée départemental Matisse avec La Fondation Joan Miró de Barcelone, La Fondation Pilar et Joan Miró de Majorque, la succession Miró, L’ADOM et Jacques Dupin, Rosa Maria Malet, Isabelle Monod-Fontaine, Rémi Labrusse, Maria-Gonzalez Menendez, Olivier Michaud, Bibliothèque municipale de Laval.

Le catalogue de l’exposition
L’exposition est accompagnée d’un catalogue en français. Textes de Jacques Dupin, Rémi Labrusse, Rosa María Malet, Directrice María González Menéndez, Olivier Michaud, Dominique Szymusiak, conservateur en chef du musée.
Format: 19, 5 cm x 28, 5 cm, 150 pages, 120 illustrations quadri environ.
Prix : 25 !, en vente à la librairie du musée.

Le Musée départemental Matisse - Le Cateau-Cambrésis
Fondé en 1952 par le peintre Henri Matisse dans sa ville natale du Cateau-Cambrésis, il fut départementalisé en 1992, agrandi et entièrement rénové en 2002. Le nouveau musée offre un parcours exceptionnel à travers la collection Matisse et la collection du peintre abstrait géométrique Auguste Herbin, un des maîtres de la couleur au XXème siècle. Le musée vient de recevoir la remarquable collection Tériade d’art moderne comprenant notamment « la salle à manger » décorée par Matisse. Des expositions d’envergure internationale complètent la présentation des collections permanentes.

Pratique

Musée Matisse
Palais Fénelon
59360 Le Cateau
T. 33 (0)3 27 84 64 50
museematisse@cg59.fr

Horaires
10h – 18h. Fermé le mardi
Tarifs 4,5 € / 3 €
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
Commissariat de l’exposition
Dominique Szymusiak, conservateur en chef du musée

pierre aimar
Mis en ligne le Jeudi 10 Septembre 2009 à 14:27 | Lu 1896 fois

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