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19 mars au 10 mai, théâtre, D’un bureau, le retour oublié des martyrs. A La folie théâtre, Paris

D’un bureau, Ekli, Ubos, Upac et Zebu attendent le retour d’une horde d’ennemis : réels ou imaginaires ? Quand une mystérieuse enfant, Etty arrive...
Cette pièce interroge le retour oublié des Déportés des camps nazis et le retour possible de la barbarie...


Notre mémoire menacée

Nous existons dans une illusion de liberté. Cet endormissement de la pensée nous empêche de penser la barbarie qui est le lent renoncement à la mémoire. Cette dernière est remplacée par une célébration de l’instant et de l’oubli ou par le spectacle des commémorations. La mémoire est condamnée car perçue dans une opposition à la jouissance et au progrès. De plus, le pouvoir tente de l’aménager selon les nécessités politiques du moment.
Cette arrivée insidieuse de la barbarie est judicieusement sentie et détaillée par Etty Hillesum dans La Vie bouleversée. En effet, son témoignage est bouleversant, au sens précis où il est le témoignage d’une conversion, d’un éveil de la conscience. Comment devenir un être humain dans l’horreur ? Etty est le diminutif d’Esther. Ce prénom indique ce qui est caché, ce qui est secret et paradoxalement ce qui offre la possibilité d’un dévoilement, d’une présence.

Le retour des Déportés des camps nazis

Entre culpabilité et reconstruction, les conditions du retour des rescapés des camps nazis restent un scandale, tant ces miraculés furent mal accueillis, voire ignorés. Ces évènements disparaissent progressivement dans les livres, les documentaires, les films... Mais, ce moment de notre mémoire reste à écrire.
Cette pièce interroge ce retour inouï et indicible, l’accueil fait à ces enfants, ces femmes et ces hommes. Ces faits ne sont pas simplement historiques mais universels et présents car ils mirent et mettent en péril notre humanité. Cette mise en péril doit rester présente à notre esprit car elle dépasse les limites de l’histoire.
Grâce à une trame dissimulée au spectateur et un cadre atemporel, la pièce tente de poser cette question. Quatre monstruosités possibles sont évoquées - engagée pour Ekli, active pour Ubos, théorique pour Upac, naïve pour Zebu - et elles posent la question de notre barbarie tranquillement éludée. Grâce à son enfance, à sa féminité et à sa pureté, Etty offre la possibilité d’une renaissance.

Un style baroque dans une écriture classique

Frédéric Bance est nourri de Montherlant, Claudel, Koltès... mais il demeure inclassable. Il crée des impasses, des ondulations et des fluctuations ; un univers fantastique au réalisme cru fait de ruptures violentes. Son écriture suggère une insistance pour accéder lentement à l’essentiel du réel. L’écriture est pure, simple et précise, parfois précieuse. De facture classique, elle respecte le sens plein et quasi étymologique des mots. Mais le style est baroque, fait de répétitions décalées et de métaphores complexes parfois volontairement vulgaires.

Une mise en scène poétique et crue

Dans sa mise en scène, Ezzedine Sassi travaille l’écriture dans sa poésie et lui donne plus de force. Tout son travail est de maîtriser cette poésie pour qu’elle reste sobre, audible : travailler cette musicalité ressentie à une simple lecture pour la rendre ample et directe. Ezzedine Sassi garde les ponctuations d’un langage réaliste, cru, voire gênant, parfois ardu, et qui surgit soudainement pour aider ou perdre. L’écriture de la mise en scène vacille entre ces deux extrémités pour nous donner un réalisme poétique exceptionnel.

Données pratiques

mise en scène / ezzedine sassi
assistante mise en scène / diane-charlotte simon
acteurs / garance brin / diane-charlotte simon / julien balthazar / lionel laget / nicola centonze
musique / gallina la lupa / maxime oudry / mohamed nasri
lumière et son / antonio simao
costumes et décors / xavier faguel / camille aït-allouache

jours et horaire
du jeudi 19 mars au dimanche 10 mai
jeudi vendredi samedi à 19h.00
dimanche à 15h.00
durée / 1h.30

location
01 43 55 14 80
place / 20 €
tarif réduit / collectif, étudiants, habitants du quartier, chômeurs, seniors... / 15 €

à la folie théâtre
6 rue de la folie-méricourt paris 11
métro / saint-ambroise / richard lenoir
bus / 56 / 46
site / www.folietheatre.com

pierre aimar
Mis en ligne le Lundi 16 Février 2009 à 22:31 | Lu 577 fois

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